LES BIENFAITS DE L'ART
You Are Reading
GUYLA ZARAND – PHOTOGRAPHE DE VIE
0
Découvrez

GUYLA ZARAND – PHOTOGRAPHE DE VIE

Maternité, photo Guyla Zarand

Les bienfaits de l'art au quotidien

L’art au quotidien, c’est la présence vivante et vibrante de photographies, de peintures et d’œuvres diverses sur nos murs. Chaque œuvre, qu’elle soit originale ou simple reproduction transcende sa simple existence matérielle pour devenir un témoignage intime de moments, de rencontres avec des artistes et de liens émotionnels.

Ses bienfaits sont multiples et se manifestent de diverses manières. Tout d’abord cela embellit notre environnement. Les couleurs, les formes et les motifs apportent une esthétique qui égaye nos espaces de vie. Ils transforment nos murs en créant une ambiance qui reflète notre sensibilité et notre goût.

L’art sur nos murs est aussi un puissant vecteur de souvenirs et d’émotions. Une photographie peut capturer un moment précieux, une sensation fugace qui continue à nous toucher. Une peinture peut évoquer des sentiments, des rêveries, des sensations…

Mais l’art est surtout une passerelle vers le dialogue et le partage car posséder une œuvre, c’est souvent avant tout une rencontre avec un artiste, que ce soit en personne lors d’une exposition ou de manière plus impersonnelle. Ces rencontres, même brèves, créent un lien particulier.

L’art au quotidien nourrit aussi notre propre créativité. Il peut nous inspirer, susciter des idées et nous déclencher des projets. En étant constamment exposés à des œuvres d’art, nous cultivons notre propre sensibilité. Nous ne la mettons plus de côté.

Photographe de vie, Guyla Zarand

Sur mes murs, depuis plusieurs années, sont accrochées des photographies du photographe Guyla Zarand. À la fois simples souvenirs d’un moment fort de mon existence et œuvres d’art en soi, elles viennent bercer et embellir ma vie. Ce texte ci- dessous traduit la sensibilité qui émane de ces images dans mon quotidien et la rencontre unique entre un artiste et son environnement, lui aussi quotidien. En célébrant ces œuvres, je rends hommage à la manière dont son art a enrichit mon existence insufflant à mon quotidien une touche de magie et de profonde humanité.

GYULA ZARAND

Juste une jeune maman avec son bébé

Une jeune maman avec son bébé, dans ce moment encore présent de fusion entre la mère et l’enfant, ce moment d’une nostalgie, pour les deux, peut-être, celle d’un état originel perdu, d’une unité qui se sépare…

Ce moment est unique. Il ne se reproduira plus.
C’est à quelques heures à peine après la naissance.
Ce sont les premiers instants de rencontre entre le nouveau-né et sa mère. Tout est là : l’odeur, ce contact invisible d’âme à âme, la vulnérabilité des deux à fleur de peau, la tendresse du geste, la douceur et l’harmonie des courbes.
La diagonale des fleurs appuie la dynamique de vie présente dans les deux corps enlacés.

Cette jeune maman c’est moi. Et ma fille Margot. Il y a déjà 35 ans…
À chaque regard posé sur cette photographie, ce passé redevient présent, réveillant chaque sensation, émotion, et sentiment, sentiment puissant de l’accueil d’une vie.
Une mélancolie rendue visible ici, de ce qui ne sera plus.

Le moment est silencieux. Si je devais nommer un son il serait soyeux et velouté.
Si je devais lui donner une couleur il serait blanc laiteux. Aucun bruit du monde ne peut venir briser cet instant, aucune parole n’est convoquée.
Elles sont seules au monde. Dans ce lien fait de chair et de sang.
Peu importe la présence des autres, nul ne peut déranger cette bulle de maternité.

Pourtant autour d’elles quelques amis chers et proches et en retrait discret : l’œil aiguisé mais tendre du photographe Gyula Zarand. Il s’efface derrière le, les clichés…
Le cliché d’une jeune mère à la maternité, comme une maternité toujours renouvelée, revisitée, réenchantée.

Il sait quand saisir ces moments de vie pour en faire un cadre, un cadre de vie à vie, celui posé durant des années sur le mur de l’entrée, celui qui se fond dans le mur, devant lequel on passe, repasse puis dans des instants perdus, celui dans lequel les yeux se posent délicatement, comme pour ne pas trop heurter le temps.

 

Gyula Zarand, jeune mère à la maternité, Margot et Isabelle
Gyula Zarand, jeune mère à la maternité, Margot et Isabelle

Art sensible - Art du cœur

Un peu plus loin sur l’étagère du salon, posé un peu comme on pose un objet qui nous plaît, un deuxième cliché attire l’œil par l’éclair doré d’un rayon du soleil qui vient le traverser.
Je sais, il faudrait le protéger.

Mais cette photographie dénichée quelques années après, cette photographie enfouie dans un tiroir, oublié aujourd’hui vient rayonner le sacré caché jusqu’à présent au plus profond de mon être… et du tien Margot, de ton être bébé, de nos passés, photo fanée.

Ici, ce sacré s’incarne dans nos souffles. Ils chantent à l’unisson le passage de vie qui se transmet, d’un bouche-à-bouche en plan savamment rapproché pour en révéler son grain de vie orchestré.

Je t’image Gyula patiemment, lentement, délicatement faire apparaître ces deux visages dans l’alchimie de ta chambre noire et avec virtuosité en modeler les infimes nuances des peaux.

Entends-tu son murmure ? L’entends – tu encore, Margot ?
« Je te transmets mon souffle car tu es ma foi dans ce monde ».

À ta naissance près de toi, pas très loin Laurence, avec qui nous célébrons émues ta venue.
Un peu plus loin Gyula, prêt à saisir et immortaliser ces moments à l’apparence simple d’un entre nous.

Cette photo voyage aujourd’hui comme le générique d’une maternité. Le temps aussi fait son œuvre. Nous, nous étions simplement des amis avec quelques beaux souvenirs.
35 années déjà !
Gyula tu n’es déjà plus là.
Dans quelques jours, vois-tu, Margot aura elle aussi un bébé.
La boucle est bouclée cette fois dans nos éternités : de nos naissances à nos morts… avec en filigranes tes tendres clichés partagés.

Découvrez Gyula Zarand

Gyula Zaránd commence la photographie à 15 ans, suivant les traces de son grand-père et de ses parents, tous photographes. Il obtient son diplôme de l’école de photographie, où il étudie avec Balla Demeter, ainsi que de l’école supérieure de journalisme de Budapest. Il devient ensuite reporter-photographe pour le magazine Tükör2.

 

Son travail reflète son intérêt sociologique et humaniste pour les problèmes sociaux et politiques en Hongrie après 1956. Il photographie des hôpitaux psychiatriques, des adultes marginalisés, des enfants des rues et l’alcoolisme. Certaines de ses images, jugées subversives, sont censurées et ne sont pas publiées en Hongrie.

En 1971, il quitte définitivement la Hongrie pour s’installer à Paris. En 1987, une série importante de ses photographies (1958-1971) est acquise par le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris.
Gyula Zaránd meurt à Puteaux le 13 janvier 2020, à l’âge de 76 ans.

(9) Comments

  1. says:

    Merci pour ce partage et cet article sensible. Je ne sais pas pourquoi il m’a autant touché. La mission est réussie en tout cas, ça donne envie d’avoir de l’art chez soi et de le faire rentrer dans sa vie. Merci aussi pour cette belle découverte, je ne connaissais pas cet artiste 🙂

  2. says:

    Merci pour ce bel article. Très sensible à l’art de la photographie, je l’ai lu avec grand intérêt. Je propose souvent l’écriture à partir de photo dans mon travail de psychologue en écriture thérapeutique. Les textes sont souvent très forts lorsque se mêlent ces deux arts.

  3. says:

    Merci pour cet article plein de sensibilité. La photographie est, en effet, un magnifique vecteur de sentiments. Et merci pour la découverte de cet artiste.

  4. Merci pour cet article touchant. De temps en temps, j’interrompais ma lecture pour regarder les murs blancs de mon séjour et je revivais aussi des histoires à travers le dessin de mon fils, le chapeau Bakoua créé par ma mère de coeur, les tableaux offerts par des amis. Une photo, une image, un dessin, un objet peuvent dire tant de choses. Merci de tout coeur.

  5. Merci beaucoup pour cet article ! C’est merveilleusement bien écrit !

  6. Merci pour ce partage authentique et plein d’émotions. On sent que c’est un moment unique, mémorable qui va changer la vie à jamais d’une jeune maman. J’aime beaucoup m’entourer de photos avec ma fille aussi. Ca me rappelle qu’elle est la chose la plus extraordinaire qui m’est arrivée.

  7. says:

    Merci pour la découverte. Je ne connaissais pas Gyula Zaránd. Merci pour cette rédaction pleins d’émotions.

  8. says:

    Cet article est un hommage à la photographie. J’ai un faible pour les photos noir et blanc. J’aime aussi les belle photos aux belles couleurs. De toute façons, c’est un art. Il y a des techniques à apprendre, comme pour la peinture, et les autres arts. Tout le monde n’est pas capable de de faire de la photo un art. Merci pour ton article.

  9. says:

    J’aime beaucoup regarder des photographies et des peintures. Mais chez moi j’en ai juste une. J’aime particulièrement regarder l’art dans les musées.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *